Une exposition collective de Léonor Comin, Roxane Lippolis et Nino Verdoliva.
Nous sommes heureux d’être accueilli par la GALERIE 36 pour son exposition de printemps.
Léonor Comin une artiste et poète française.
Ses œuvres et installations prennent leurs origines dans les poèmes qu’elle imagine au fil de ses déambulations.
Le voyage, la rencontre, le rêve et le désir sont ses thèmes principaux.
Autour de ses textes s’articulent dessins, estampes et photographies. Le tout rassemblé est à lire comme un » cadavre exquis » : une œuvre commune protéiforme dispersée. Souvent ses œuvre se montrent en binôme, en diptyque afin de mieux faire se développer une communication silencieuse entre les éléments de ses paysages utopiques et pluriels.
En parallèle, Leonor Comin est aussi curatrice d’exposition. Son projet » borrow my studio » initié en 2011 a été présenté à Amsterdam Paris ,New York et Metz.
www.leonorcomin.com
Roxane LIPPOLIS vit et travaille à Metz, France
« Les œuvres de Roxane Lippolis, exploitant la technique du monotype et de la gravure, se tiennent en bordure de l’histoire de l’estampe. Laquelle n’apparaît plus comme un outil servant une économie, mais comme un geste plastique. Elle n’est plus une sorte de véhicule portant un message mais un corps singulier. Ainsi, l’artiste tachera à chaque série d’affranchir l’estampe de sa vocation première pour lui restituer une autonomie physique. D’image-foule diluée par sa reproduction mécanique, elle en fera une image-objet, n’hésitant pas à investir l’espace par le pliage et la maquette, la peinture murale ou l’installation. Dans sa série des origamis, le canevas de plis renseignant les étapes nécessaires à la réalisation d’une figure dessine à chaque fois une structure géométrique complexe aux divers enchevêtrements de symétries, l’artiste joue des traces et réserves comme d’une fabrique de paysages. C’est dans cette convergence ou ce brassage que l’œuvre de Roxane Lippolis à lieu : là où l’intuition rejoint les pratiques les plus codées, là où l’évanescent ou l’indéterminé rejoint la figure entendue comme schème ou rythme. »
Jeremy LIRON, plasticien et écrivain.
Baptiste Verdoliva
TRAFICS
« Retrouvez, avec le poète, le rêve primitif et vous verrez clairement sa vérité : elle est rouge, la petite fleur bleue »
Gaston BACHELARD La Psychanalyse du feu p 13.
Au fil de ses récentes séries, Baptiste VERDOLIVA poursuit son cheminement en direction de l’essentiel.
Sa démarche ne consiste pas à refuser l’anecdotique mais à prendre appui sur lui pour le dépasser et atteindre ce qui lui tient à cœur. En d’autres termes, la forme – puisqu’il est inévitable de passer par elle – n’est pas décorative, elle est révélateur d’être.
FORMES
Pour « Trafics », l’anecdote initiale est explicitement désignée : la série a été inspirée par des photographies aériennes de routes, autoroutes, échangeurs. L’imagination créatrice s’en empare pour créer des espaces où se donnent à percevoir des enchevêtrements de voies, le plus souvent discontinues ou s’achevant en impasses, des giratoires, des flèches directionnelles – le tout suggérant une sorte de vertige venu habiter ces files de circulation – vertige redoublé par l’installation vidéo qui accompagne les œuvres.
Mais on ne saurait s’arrêter là et certains choix, en ce qui concerne notamment les matières travaillées, relèvent d’une stratégie qui invite à dépasser cette première approche.
DES FILES DE LA CIRCULATION AUX FILS DE LA TEXTURE
Alors que la série de gravures « Pavements de la Collégiale Sainte Waudru » de Mons nous conduisait sur les chemins, pour parler comme G. Bachelard, d’une rêverie de nature minérale, tellurique, la série « TRAFICS » nous emmène dans une rêverie que le philosophe aurait pu qualifier à plus d’un titre de « Textile ».
Il faut s’arrêter sur le support choisi : non pas le papier du graveur mais de la matière textile, de la toile de coton, qui vient introduire une sorte de brouillage. C’est, d’habitude, le support du peintre…
Les mediums ensuite : l’encre noire du graveur, principalement, et quelques signes de couleur rouge parfois, ocre ou blanche mais surtout le fil. Certaines lignes ont été dessinées à l’aide d’une machine à coudre, au point droit ou de zig-zag, d’autres ont été brodées sur quelques centimètres. Des pièces ont été ajoutées par couture sur le support textile. Apparaissent des points, ajoutés par couture eux aussi, d’où s’échappent des fils qui pendent, rampent, de temps en temps entremêlés. Des béances aussi.Vient alors à l’esprit l’idée que ces ouvrages de couturier ont quelque chose à voir avec la textualité et, au-delà, l’exercice de la parole. Il semble au fond qu’il ne s’agit pas ici de circulation automobile mais de circulation de signes et que les échangeurs autoroutiers sont des échos de nos difficiles échanges par la parole.VOIES/VOIX SANS ISSUES ?Les voies suggérées fonctionnent mal : les fils de la communication s’entremêlent confusément et s’interrompent brusquement sur le blanc du silence, les giratoires superposés sont des cercles autistes fermés, les flèches, énigmatiques, orientent vers le vide, les points sont de suspension et, tout autour de ces motifs, l’artiste a laissé en réserve d’immense marges…
Quelque chose est pourri aux royaume de nos mots...
Ce qui fait la force de cet ensemble, c'est la mise en œuvre d'un dispositif original qui, par glissement, nous renvoie à la question toujours répétée de la possibilité de partage du sens à travers son véhicule, la parole.
Denis Prévot /2016