le 3 mars à 18h30
Soirée Série D
PROJECTION PRIVEE sur une proposition de Tamara Pascutto
« Qu’est ce qu’on bouffe ce soir? »
Genèse d’un repas, documentaire de Luc Moullet, 1978, 115 min
Genèse d’un repas est un documentaire à petit budget qui parvient à éviter à peu près tous les défauts du « docu-cul » didactique. L’idée est simple : Luc Moullet se filme en train de manger et décide de remonter toute la chaîne de ses aliments (en l’occurrence ici : du thon en boite, des œufs et des bananes) pour comprendre le processus qui les amène dans nos assiettes. le voilà donc parti, caméra sous le bras, en Bretagne pour enquêter sur la fabrication et la distribution des œufs, au Sénégal pour comprendre comment le thon péché par les autochtones finit dans des boites métalliques où figurent de belles têtes de marins bretons et, enfin, en Equateur pour décortiquer la chaîne de la banane, de sa production à sa distribution.Le résultat est assez étonnant parce que les problèmes soulevés à l’époque restent toujours d’actualité.
Derrière l’humour noir et « naïf » de Moullet se dissimule une réflexion extrêmement fine et construite. Genèse d’un repas n’a rien d’un documentaire militant, jouant sur l’apitoiement pleurnichard envers les victimes et se contentant d’aligner les grands slogans bateau. La caméra est là pour interroger, confronter, mettre en perspective et, tout simplement, regarder. Moullet donne la parole aux patrons, aux distributeurs puis la confronte à celle des ouvriers et des pêcheurs ; il met en parallèle les conditions de travail en France et dans le Tiers-monde, il décortique savamment la manière dont sont réparties les richesses à partir du produit, bref, en termes cinématographiques, il fait du montage.
puis entracte : repas tiré du sac et ramenez des chips et du taboulé à partager la soupe vous sera offerte
THe Stuff, film de Larry COhen, 1985, 93 minutes
Des industriels chargent Moe Rutherford d’enquêter sur un produit alimentaire qui fait fureur dans les familles américaines : le « Stuff », une substance blanchâtre dont ses fabricants refusent de révéler la recette. Au même moment, un petit garçon se rend compte qu’il arrive au « stuff » de bouger dans le frigidaire familial durant la nuit ! Il refuse dès lors de se nourrir de cette substance, ce qui met ses parents en colère. De son côté, David commence par s’intéresser à la « Food and Drug Administration », l’organisme chargé de tester et d’autoriser la mise sur le marché des produits alimentaires.
Tout en critiquant les tares de la société de consommation, THE STUFF se veut aussi un hommage au cinéma de science-fiction paranoïaque des années 50. Ne renâclant pas sur l’humour grinçant, Larry Cohen distribue les mauvais points dans tous les sens : militaires idiots, chargés de communication irresponsables, fonctionnaires corrompus, famille se conformant à un modèle imposé par la télévision… Habile metteur en scène et scénariste à la plume toujours aiguisée, il s’impose définitivement comme un grand satiriste, un esprit libre toujours en éveil.